Dhou al-hijja, 7

Ma jolie âme, Je vais te donner la vie.

Tu naîtras dans un corps de petite fille, que Je te donnerai par amour pour toi, pour que tu deviennes femme. C’est un don inestimable, ne l’oublie pas. Le corps de la femme est une matrice, à Mon image ; honore-le, et tu M’honoreras ; épanouis-le, et tu Me célèbreras. C’est là Ma première bénédiction, à l’heure où tes yeux n’en sont pas encore, à l’heure où ton corps n’a pas encore de forme, où tu n’es qu’une petite graine plantée dans le ventre de ta mère.

Tu naîtras dans une époque et une société que J’ai choisies pour toi ; ne les regrette pas, ne t’en afflige pas. C’est dans cet espace et ce temps que tu seras amenée à te réaliser. Ne te retranche pas du monde, ne fuis pas ses réalités ; déploie-toi dans l’ici et maintenant, ne rêve pas à une autre vie, car ici est ta terre, et aujourd’hui est ton temps.

Je te donnerai un caractère riche et complexe ; ne t’en afflige pas, car c’est par lui que tu chemineras vers Moi. Tu recevras l’intelligence, pour Me chercher, et pour lutter contre la vanité ; tu recevras la curiosité, qui te préservera de l’assoupissement mais aussi de la tentation du suicide, si forte chez les âmes complexes.

Je te donnerai un cœur à Ma mesure ; Je te ferai amoureuse. C’est par l’amour que tu te mettras en mouvement, dans tous les domaines de ta vie ; et comme ton cœur sera à Ma mesure, tu aimeras d’un amour infini, jusqu’à l’angoisse, jusqu’au vertige, jusqu’à la frontière de la folie. Mais tu tiendras bon, car ce cœur et cette ardeur ne sont pas des châtiments ; par l’amour, à travers lui, en lutte parfois contre lui, dans la soif, la faim et la traversée du désert, lentement, péniblement, tu te construiras. De ton cocon douloureusement étroit – pourtant taillé à ton exacte juste mesure – la petite fille sortira femme. Tu en sortiras changée ; en ton flanc enfin cicatrisé reposera la côte d’un homme. Isha. Longtemps elle te grattera, te démangera, te brûlera, t’empêchera de dormir ; puis, un jour, tu ne la sentiras plus. Seulement, parfois, au détour d’un miroir, dans le coin de ton sourire, au pli de ton œil, à l’inflexion de ta voix, à la lenteur de ton geste, à la pudeur de ta nuque, tu reconnaîtras sa couleur, la blancheur de cette côte qui se sera soudée au reste de ton squelette pour ne plus s’en dissocier. Tu te construiras dans la rencontre et le métissage.

Impatiente, tu t’assoupliras, dans la violence parfois, à l’exercice forcé de l’attente, de l’insatisfaction, de la rage, de la frustration, et tu t’adouciras. Révoltée, tu bousculeras bon nombre de meubles autour de toi, tu briseras des fenêtres, tu abattras des murs, tu te cogneras la tête contre les portes et les tapis ; mais viendra le temps de la quiétude, de l’apaisement, d’une acceptation sans résignation. Et alors, s’épanouira ton amour pour Moi ; un amour à la mesure de ton cœur, sans limite, et d’une douceur infinie.

Toi qui ne seras pas scolaire, Je mettrai la religion dans ton cœur, pour que tu puisses, à force de travail et de patience, exercer ce troisième œil jusqu’à ce qu’il s’ouvre et s’emplisse de Ma lumière. Alors, tu apprendras à lire, par lui, Ma parole, dans Mes livres, dans Ma Création, dans le sourire de tes enfants – car je te donnerai d’être mère. Avec le temps, ton œil sera plus agile, plus habile, et tu apprendras à Me voir partout où tes yeux se poseront, à M’entendre dans tous les bruits du monde, y compris dans le silence.

Je mettrai sur ta route des personnes pleines de grâce ; reconnais-les, et reconnais en chacune d’elles l’amour que Je te porte. Ne récrimine pas contre ton sort, car Je te donnerai toujours, à chaque instant de ta vie, ce dont tu auras exactement besoin. Tu auras des kilos d’argile sur les paupières qui t’empêcheront parfois de l’apprécier le moment venu ; mais au fil du temps, tes paupières s’allégeront, et tu verras.

Ce ne sera pas facile, petite âme ; car Je t’offre la bénédiction de l’incarnation. Tu ne seras pas un ange, mais crois-Moi, il n’y a là rien à regretter. Tu te débattras, tu t’éloigneras de Moi. Ce n’est pas grave, ton humanité te l’imposera. Je t’attendrai. Je te regarderai te débattre, Confiant, Aimant, Amusé parfois, Bienveillant toujours. Ne désespère jamais de Ma grâce, car Je ne t’abandonnerai jamais, et c’est vers Moi que tu feras retour. A côté de la difficulté il y a, certes, une facilité. Tu connaîtras la paix. Mais pour que tu ne t’assoupisses pas, pour que tu ne t’imagines pas être arrivée au bout du chemin quand tu auras seulement appris à te tenir un instant sur tes jambes sans tomber, Je t’enverrai de bonnes bourrasques. Mais dans ton jardin, la graine de la paix sera plantée. Elle germera. Elle fleurira. Et au long de ta vie, et jusqu’à ta mort, elle continuera de croître, tel un arbre. Au moment de ta mort, tu regarderas cet arbre, et tu reconnaîtras ta chair dans son écorce. Tu seras cet arbre, vous ne ferez plus qu’un.

Ton nom veut dire Dieu est mon serment. Tu brûleras des ponts, tu hisseras des voiles, tu te mélangeras, et le I, vertical, de l’Isabelle immobile et incertaine, deviendra le Y de Daoud le danseur. Tu deviendras Ysa, les bras toujours levés vers l’Eternel.

2 commentaires sur « Dhou al-hijja, 7 »

  1. Vraiment magnifique un super texte vraiment j’ai énormément apprécié ce texte plein de beauté de justesse et de poésie de la vie d’une femme donnant naissance à la vie … plein de recommandations de sagesse vraiment magnifique rien à dire 🙂

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